Le texte « Usage d’opioïdes et troubles liés à l’usage d’opioïdes » a été tiré et adapté de Primary Care Addiction Toolkit, en 2023. Publié en ligne seulement.
Ordonnances de morphine orale à libération prolongée
Au Canada, le recours à la morphine orale à libération prolongée pour traiter un trouble lié à l’usage d’opioïdes est considéré comme une utilisation hors indication. Il est considéré comme un traitement de troisième intention après la buprénorphine et la méthadone. Les médecins qui souhaitent prescrire de la morphine orale à libération prolongée doivent répondre aux exigences liées à l’exemption de catégories de personnes en vertu du paragraphe 56(1) de la Loi réglementant certaines drogues et autres substances (Santé Canada, 2021). Ils doivent également consulter un spécialiste qui possède de l’expérience en lien avec ce traitement parce qu’il exige des mesures consciencieuses pour éviter les surdoses et les détournements.
Peu de lignes directrices cliniques ont été publiées sur les ordonnances de morphine orale à libération prolongée pour prendre en charge un trouble lié à l’usage d’opioïdes, et les recommandations sont surtout fondées sur des opinions d’experts (British Columbia Centre on Substance Use, 2017).
Mode d’action de la morphine orale à libération prolongée
La morphine orale à libération prolongée (24 heures) est un agoniste opioïde pur qui peut être prescrit à des patients qui ne répondent pas de façon adéquate à la buprénorphine ou à la méthadone.
La morphine n’allonge pas l’intervalle QT, ce qui confère à la morphine orale à libération prolongée un avantage en matière d’innocuité par rapport à la méthadone pour les patients aux prises avec une maladie cardiaque ou prenant un médicament qui allonge l’intervalle QT.
La morphine orale à libération prolongée est prescrite sous forme de doses à prendre une fois par jour sous surveillance. Le pharmacien doit ouvrir la capsule et saupoudrer les granules dans un godet pour médicaments ou dans des aliments mous (comme de la compote de pommes ou du yogourt) à des fins d’ingestion en présence d’un témoin. Le fait d’écraser, de mâcher ou de dissoudre les granules de morphine orale à libération prolongée peut entraîner la libération rapide d’une dose mortelle. En moyenne, la dose quotidienne totale varie de 200 à 1200 mg.
Dans le cas des patients qui font usage du fentanyl, la morphine orale à libération prolongée peut être prescrite en concomitance avec de la méthadone, puis maintenue ou diminuée graduellement une fois que le patient parvient à une dose adéquate de méthadone (Bromley et al., 2021). La morphine orale à libération prolongée doit être administrée une fois par jour, sous surveillance, avec la méthadone.
Candidats pour la morphine orale à libération prolongée
Les lignes directrices cliniques indiquent que la morphine orale à libération prolongée pourrait être appropriée dans certains cas (Initiative canadienne de recherche sur l’abus de substances, 2018; Centre de toxicomanie et de santé mentale, 2021). Ce traitement peut être envisagé pour les patients qui sont aux prises avec un trouble lié à l’usage d’opioïdes sévère et qui :
- ne répondent ni à la buprénorphine ni à la méthadone, présentent des contre-indications à leur utilisation ou les ont refusées;
- ont une tolérance élevée aux opioïdes en raison de leur trouble lié à l’usage de fentanyl.
La morphine orale à libération prolongée ne doit pas être prescrite en période de grossesse ou d’allaitement, à moins que les autres options de TAO soient inefficaces ou non disponibles.