Le texte « Usage d’opioïdes et troubles liés à l’usage d’opioïdes » a été tiré et adapté de Primary Care Addiction Toolkit, en 2023. Publié en ligne seulement.
Il peut s’avérer efficace de prescrire des opioïdes à des patients aux prises avec un trouble lié à l’usage d’opioïdes et une douleur chronique non cancéreuse, mais cela exige un contrôle et une surveillance étroits (Chelminski et al., 2005; Jamison et al., 2010; Manchikanti et al., 2006a, 2006b; Wiedemer et al., 2007). Les données probantes à l’appui de la prescription continue d’opioïdes aux membres de cette population sont caractérisées par d’importantes limitations parce que les interventions ont été effectuées dans des cliniques multidisciplinaires comptant du personnel infirmier, des internistes et des pharmaciens plutôt que dans des cliniques de soins primaires. Les études menées étaient également associées à des taux d’abandon élevés.
La prescription initiale d’opioïdes doit être considérée comme un essai thérapeutique limité dans le temps (p. ex. de trois à quatre mois) pour déterminer si le traitement est efficace avant de le poursuivre.
Si le patient ne se conforme pas au traitement ou s’il continue d’afficher des comportements aberrants qui laissent supposer qu’il est aux prises avec un trouble lié à l’usage d’opioïdes, cessez de prescrire des opioïdes et commencez à en diminuer graduellement la dose ou aiguillez-le vers un traitement par agonistes opioïdes (TAO) à base de méthadone ou de buprénorphine. La buprénorphine pourrait soulager les patients qui disent ressentir une douleur sévère alors qu’ils prennent des doses élevées d’agonistes opioïdes purs. Il pourrait être approprié de diviser les doses de buprénorphine pour prendre en charge la douleur chronique des patients ayant un trouble lié à l’usage d’opioïdes. Cependant, cette possibilité ne doit être envisagée que si tous les autres traitements non opioïdes sont inefficaces ou inappropriés (Busse et al., 2017).
Il est possible de prescrire des opioïdes aux patients sous agonistes opioïdes pour prendre en charge la douleur aiguë sévère, mais on ne prescrit généralement pas d’opioïdes aux patients sous agonistes opioïdes atteints d’une douleur chronique non cancéreuse. Aiguillez-les plutôt vers un médecin spécialiste du traitement médical de la toxicomanie qui possède de l’expérience concernant la prise en charge de la douleur de patients présentant un trouble lié à l’usage de substances psychoactives, ou demandez-lui conseil. Les médecins spécialistes en dépendances peuvent offrir des services d’évaluation, des conseils ainsi que des services de suivi et d’aiguillage à cette population. Ils peuvent également amorcer un traitement par méthadone ou buprénorphine.
Les cliniques antidouleur multidisciplinaires regroupent des experts en matière de douleur, des professionnels en santé mentale et parfois des spécialistes en traitement des dépendances qui utilisent diverses stratégies, notamment des thérapies cognitives, la pharmacothérapie et des modes d’intervention physique. Malheureusement, l’accès aux cliniques antidouleur multidisciplinaires est limité dans de nombreuses régions.