Le texte « Usage d’opioïdes et troubles liés à l’usage d’opioïdes » a été tiré et adapté de Primary Care Addiction Toolkit, en 2023. Publié en ligne seulement.
Le trouble lié à l’usage d’opioïdes se caractérise par un usage compulsif d’opioïdes menant à une altération importante de la capacité fonctionnelle sur les plans professionnel, social et interpersonnel (American Psychiatric Association, 2013). Pour qu’un diagnostic puisse être porté, la personne doit répondre à au moins 2 des 11 critères décrits dans le DSM-5, au cours d’une période d’au moins douze mois* :
- Les opioïdes sont souvent pris en quantité plus importante ou pendant une période plus prolongée que prévu.
- Il y a un désir persistant, ou des efforts infructueux, pour diminuer ou contrôler l’usage d’opioïdes.
- Beaucoup de temps est passé à des activités nécessaires pour obtenir des opioïdes, à utiliser des opioïdes ou à récupérer de leurs effets.
- Envies impérieuses
- Usage répété d’opioïdes conduisant à l’incapacité de remplir des obligations majeures, au travail, à l’école ou à la maison.
- Usage continu d’opioïdes malgré des problèmes interpersonnels ou sociaux
- Des activités sociales, professionnelles ou de loisir importantes sont abandonnées ou réduites.
- Usage répété d’opioïdes dans des situations où cela peut être physiquement dangereux.
- L’usage d’opioïdes est poursuivi bien que la personne sache avoir un problème psychologique ou physique persistant ou récurrent susceptible d’avoir été causé ou exacerbé par les opioïdes.
- Tolérance
- Sevrage
Ces critères peuvent être classés dans quatre catégories : perte de contrôle à l’égard de la consommation (critères 1 à 4), dysfonctionnement social (critères 5 à 7), usage risqué (critères 8 et 9) et dépendance physique (critères 10 et 11).
* Reproduit de la traduction française du DSM-5, Elsevier Masson, 2015, avec l’autorisation de l’American Psychiatric Association pour la version originale anglaise.
La dépendance physique et la toxicomanie
De nombreux patients qui prennent des opioïdes tous les jours sont physiquement dépendants à ces substances. Il s’agit d’un état d’adaptation physique qui se manifeste par une tolérance aux opioïdes et des symptômes de sevrage si la personne doit cesser abruptement de les prendre.
La dépendance physique n’est pas synonyme de trouble lié à l’usage d’opioïdes. La plupart des patients qui prennent les opioïdes qui leur sont prescrits ne développent aucune dépendance à leur égard, même à long terme. La dépendance à un médicament ou à une drogue survient lorsque la personne trouve ses effets psychoactifs si renforçants qu’elle a de la difficulté à contrôler sa consommation et lorsque cet usage compulsif lui crée des problèmes sociaux, financiers ou psychologiques (American Society of Addiction Medicine, s.d.).
Patients à risque élevé de présenter un trouble lié à l’usage d’opioïdes
De nombreux facteurs contribuent au développement d’un trouble lié à l’usage d’opioïdes. Une dépendance actuelle ou antérieure à des opioïdes ou à d’autres substances telles que l’alcool, la cocaïne, les benzodiazépines ou le cannabis constitue le prédicteur le plus important (Fishbain et al., 2008; Fleming et al., 2008). Il existe aussi d’autres facteurs de risque, notamment :
- le jeune âge (moins de 40 ans);
- le sexe masculin;
- la présence de problèmes de santé mentale concomitants tels que les troubles de la personnalité, les troubles à symptomatologie somatique et apparentés, les troubles anxieux, plus particulièrement l’état de stress posttraumatique, et les troubles de l’humeur (Becker et al., 2008; Edlund et al., 2007; Klimas et al. 2019; Substance Abuse and Mental Health Services Administration, 2022; Wilsey et al., 2008);
- les traumatismes subis pendant l’enfance;
- des antécédents familiaux de dépendances et de problèmes de santé mentale.